C’est avec une très grande émotion que j’ai suivi les interventions des uns et des autres, des interventions profondes qui viennent du fond de vos cœurs s’agissant de la paix pour notre pays.

Ce jour vendredi est un jour béni.

Le mois de janvier est un mois béni.

C’est pour la première fois dans l’histoire de notre pays que pendant le mois de janvier, il y ait une succession de sursaut de patriotes sortis nombreux, femmes, jeunes, opérateurs économiques, pour demander la paix au Tchad.

Elle est noble cette démarche. Je dirai même qu’elle est hautement patriotique.

Il est important que chacun de nous connaisse l’histoire de ce pays.

Vous qui êtes devant moi, des deux côtés ou derrière moi, beaucoup d’entre vous sont nés dans la guerre.

Cela veut dire qu’ils sont nés dans la misère et qu’ils ont grandi dans la misère.

Je fais partie de ceux-là, moi aussi.

En 1963, quand le premier coup de feu est parti de N’Djamena, j’étais encore à l’école primaire.

Mes frères, de tout cœur, je souhaite que le Tchad tout entier soit béni par Dieu, le Tout-puissant, pour que la paix définitive s’installe dans notre pays, dans nos cœurs, dans nos villages, dans nos ferricks et partout.

Que les Tchadiens, en ce vendredi, disent : « Nous abandonnons définitivement la violence, la déchirure, la division, et nous nous tournons tous pour bâtir un Tchad uni, un Tchad fort, un Tchad qui appartient à tous les Tchadiens ».

Je lance un appel du haut de cette tribune à l’endroit de nos frères qui sont instrumentalisés, armés, entraînés, formés par un pays voisin pour venir détruire leur pays.

Je leur dis d’abandonner ces armes qui appartiennent au Soudan et de rentrer au pays de leurs aïeux afin que nous construisions ensemble un Tchad nouveau, un Tchad prospère.

Beaucoup l’ont dit, rien ne peut se faire sans la paix.

Les grandes œuvres ne peuvent se faire dans la guerre.

Elles ne peuvent se faire que dans la paix.

Quel est le motif réel qui a amené ces frères à prendre les armes ?

Quel est le motif réel qui a amené les frères Mahamat Nouri et Timan Erdimi à prendre les armes ?

Voilà, ce que nous appelons une instrumentalisation par un pays voisin pour mettre un régime à sa dévotion, un régime qui va être sous ses ordres dans notre pays.

Pour le compte de la paix, en 17 ans, j’ai voyagé partout.

Pour la cause de la paix, j’ai été plusieurs fois à Khartoum, plus d’une quinzaine de fois en Libye, plus de dix fois à Libreville, trois fois au Bénin, deux fois au Burkina Faso, une fois au Mali.

Je suis allé pour convaincre les compatriotes qui, à partir de ces villes ou de ces pays, dirigent des organisations politico-militaires.

Je ne suis pas parti pour les vaincre mais pour les convaincre, les convaincre avec un grand cœur, un cœur ouvert.

Il y en a qui m’ont écouté, qui sont rentrés et travaillent avec nous.

Je tiens à les remercier. D’autres ont continué leur aventure et d’autres les ont suivis encore.

Vous êtes témoins que le gouvernement tchadien, avec l’aide de la représentation nationale et avec l’aide des sages, a fait plusieurs déplacements à la recherche de la paix.

Mais nous n’avons pas pu convaincre certains de nos frères qui persistent et signent il faut qu’il y ait par la guerre un vainqueur.

Au Tchad, il n’y a jamais eu un vainqueur par la guerre et en politique, il ne peut pas y avoir un vainqueur par la guerre.

Nous sommes en démocratie : le vainqueur, c’est par les urnes et non par la guerre.

Je voudrais vous prendre à témoin de l’ensemble des actions qui ont été menées par le gouvernement et par moi-même.

Le 25 octobre 2007, nous avons signé un accord à Syrte avec quatre mouvements rebelles.

Mais un mois à peine, il a été violé, parce que, les maîtres des rebelles trouvent que le Tchad est une continuité de leur territoire ou, tout au moins, à partir du Tchad, de sa destruction, ils estiment régler leur crise profonde, je veux parler de la crise du Darfour.

Quelle bêtise !

Alors que le Tchad accueille plus de 300.000 réfugiés soudanais malheureux du Darfour.

Au Tchad, nous avons beaucoup souffert des guerres.

Nous avons beaucoup souffert des déchirures internes, voire des guerres civiles à connotation religieuse.

Ce pays là vient de loin.

Chacun le sait.

Nous devons faire tous les efforts possibles pour faire avancer ce pays ensemble, comme un seul homme, vers son destin, vers de meilleurs lendemains, c'est-à-dire assurer l’avenir de nos enfants.

Nous ferons tout, nous irons partout où il y aura des hommes disponibles qui veulent discuter, abandonner la violence et venir en démocrates se mettre dans la concurrence démocratique.

Nous irons au Nord, au Sud, à l’Ouest et à l’Est, comme nous l’avons toujours fait.

Et la seule chose qui est à mes yeux inadmissible, au 21ème siècle, c’est que des pays se croient puissants et autorisés à déstabiliser des pays voisins, voire chercher à changer des régimes.

La paix, nous la chercherons partout, mais nous sommes jaloux de tout ce qui touche à la souveraineté nationale.

Nous ne cèderons pas sur ce point !

Quelqu’un à dit que nous avons des ressources supplémentaires pour nous développer, lancer des grands travaux, mais nous avons consacré une partie de ces ressources pour la défense de notre pays et pour préserver l’intégrité territoriale.

Nous aurions souhaité nous occuper aujourd’hui de ces enfants orphelins, des veuves, de nos handicapés, de l’eau, des écoles, des centres de santé, des médicaments, de l’électricité, manger à notre faim ; nous aimerions nous occuper de ces secteurs qui sont prioritaires pour nous.

Nous demandons à ce pays ami, ce pays voisin, le Soudan, de laisser le Tchad tranquille.

N’est-ce pas qu’il y a une chance pour le Tchad aujourd’hui de se développer ?

Et le Tchad va se développer, qu’Elbechir le veuille ou non.

Je lance un appel à ceux qui sont au sud d’ElGeneïna, à 25 km, regroupés à Habila, dans trois camps et qui sont entrain d’être formés, je leur demande d’abandonner les armes : Laissez ces armes au Soudan, franchissez la frontière, cela ne fait que 25 km et venez-vous mettre au service de votre pays.

Pour ma part, je me suis mis depuis longtemps au service de la paix, je continuerai.

Le gouvernement s’est mis au service de la paix, il va continuer.

Maintenant, il suffit que le peuple tchadien soit vigilant.

Il ne faut pas qu’il se trompe. Il ne faut pas que les va-t-en guerre de l’intérieur et ceux de l’extérieur, les aventuriers de tout bord, conduisent à la destruction de notre pays.

Unissons-nous comme un seul homme.

Allons-y en rang serré vers le développement, en privilégiant la paix ensemble. Elle est une affaire de tous les Tchadiens.